L’échelle dite communément « tempérée » est en usage en Occident depuis deux siècles.
Celle-ci fait suite aux tempéraments « inégaux » de l’époque baroque, qui furent conçus afin de réduire le nombre de notes nécessaires aux harmonies alors en usage, facilitant ainsi le jeu de certains instruments tout en leur conservant une certaine justesse. Le « tempérament égal à 12 notes », utilisé par défaut aujourd’hui dans les instruments occidentaux, uniformise les intervalles à l’identique dans toutes tonalités, et au détriment de la justesse puisqu’à part l’octave, les onze autres intervalles qu’il propose sont tous plus ou moins « faux » sur un plan acoustique.
Fruit d’années de recherches, d’expériences menées sur la musique modale indienne et sur d’autres traditions musicales de l’Orient, la théorie d’Alain Daniélou, décrite dans son ouvrage « Sémantique Musicale », dont la première édition date de 1967, propose une approche novatrice concernant la perception des rapports de hauteurs.
Le système qu’il a élaboré appartient à la famille des échelles d’intonation juste, dites aussi « naturelles ». Cela signifie que les intervalles sur lesquels il s’appuie s’expriment sous forme de ratios constitués de nombres entiers au numérateur comme au dénominateur, établissant de fait des relations harmoniques entre toutes les notes du système global, en l’occurence 53 par octave.
Cette échelle a pour particularité de mettre en valeur les harmoniques 2, 3, 5 et leurs combinaisons, les intervalles issus de ces trois facteurs ayant le pouvoir, selon Alain Daniélou, de provoquer chez l’homme des sentiments, des réactions émotionnelles bien précises et apparemment universelles.
Ces deux spécificités, c’est-à-dire le fait de rassembler des intervalles en intonation juste de limite harmonique 5, et qu’ils véhiculent un contenu expressif, se retrouvent dans la théorie musicale des hindous et de ses 22 shrutis.
Grâce aux progrès de l’informatique, nous assistons depuis plusieurs années à une vague de dématérialisation : le virtuel remplace le réel. Tout comme le CD a fait place aux mp3, les instruments de musique électroniques « physiques » font place à des équivalents logiciels. On les appelle les instruments virtuels : http://fr.wikipedia.org/wiki/Instrument_virtuel
Ainsi, aujourd’hui, il suffit de relier un clavier à son ordinateur puis de télécharger ces fameux instruments virtuels pour avoir à sa disposition tous les sons possibles et inimaginables.
Quoi de plus logique que la Fondation, après avoir financé la réalisation d’un véritable instrument, le Semantic, dont la deuxième version intègre d’ailleurs elle aussi un instrument virtuel, se lance dans la réalisation d’une version logicielle avec le « Semantic Daniélou-53 » ?
Pour cela, elle a sollicité les services de Christian Braut et de sa structure, Archipel Studios.
Un partenariat a été conclu avec l’un des acteurs majeurs dans ce domaine : UVI Sounds & Software. Les instruments UVI sont reconnus et utilisés par des musiciens professionnels et des producteurs du monde entier depuis plus de dix ans grâce à des logiciels tels que MOTU MachFive™, Ethno™, BPM™, Spectrasonics Stylus™, Atmosphere™, UVI Workstation™…
Par ailleurs, c’est à Jacques Dudon, spécialiste des microtonalités de renommée internationale, qu’a été confié le pilotage du projet (choix des sons, des échelles…). Compositeur microtonaliste, chercheur, luthier, multi-instrumentiste et actuel directeur de l’Atelier d’Exploration Harmonique, Jacques est l’inventeur de plus de cinq cents instruments mettant à profit de nouvelles écologies sonores. Il a collaboré à maintes reprises avec la Fondation, notamment en tant que conseiller sur le projet « Semantic », et aussi en tant que musicien. C’est ainsi qu’en 2007, sa formation l’Ensemble de Musique Microtonale du Thoronet s’est produite à l’Abbaye du Thoronet, Rome, Venise et Paris, dans le cadre de la tournée européenne « Semantic Works ».